Centenaire 1918-2018
Année spéciale en 2018, on fête le centenaire de la fin de la guerre! Youhouuuuu!!! C’est important quand même non? Mais alors? Pourquoi est-ce important?
-parce que les hommes se sont sacrifiés pour sauver le pays?
Non mais allô quoi??? Ça c’est un raisonnement de 3e ça! Et encore, pas celui de mes 3e j’espère…
J’ai mis en effet un point d’honneur à travailler (plus particulièrement cette année) l’expression « travail de mémoire ». Je n’en pouvais plus d’entendre l’expression « devoir de mémoire » à longueur de journée dans les médias. Notre job, c’est de faire un véritable TRAVAIL de mémoire en effet. Ne pas oublier. Poursuivre la transmission. Mais le faire en lien avec l’histoire, toujours. Car la mémoire est subjective, elle se base sur le souvenir, le témoignage.
L’histoire, elle, elle est scientifique, véridique. Et on a effectivement un devoir: celui d’exercer notre esprit critique, sans jamais s’en départir.
La mémoire doit donc être considérée comme un objet d’histoire et non comme une fin en soi. Voilà.
Exit donc les discours politico-médiatiques. J’ai même deux élèves qui m’ont fait remarquer que « notre président » avait d’ailleurs utilisé l’expression « devoir de mémoire ». Quelle médiocrité….
Depuis le mois de juin, on réfléchit à cette commémoration. On a donc décidé de réunir, avec ma collègue Mary, tous les élèves du collège (soit 700 gamins tout de même…) sur le stade!
Objectif multiple:
1-chanter La Marseillaise (of course)
2-faire chanter la Chanson de Craonne aux 3e; il était effectivement primordial pour nous d’honorer tous ceux qui s’étaient mutinés, révoltés contre l’absurdité de la guerre. A quoi sert aujourd’hui de pleurer les jeunes hommes qui sont morts par milliers (1,4 millions quand même) si de l’autre côté on vend des armes pour répandre la même terreur qu’en 1916?
3-enfin, les élèves avaient tous recherché sur le site mémoires des hommes, un ancêtre ou un mort du monument de leur commune. Ils avaient ensuite rédigé une lettre que certains ont accepté de lire devant tout le monde.
Moment très émouvant. Je pense à Benoît dont l’aïeul est décédé dans les bois derrière Verdun et qui, dans cette lettre inventée, décrit les derniers mouvements ainsi que l’angoisse qui l’étreint avant d’obéir aux ordres. Cette lettre inventée… et aux accents pourtant si réels… bref. Certains 6e ont pleuré. Parce qu’Intiza (dont l’aïeul est mort de suites de blessures) a imaginé sa dernière lettre: celle qui décrit les douleurs et les adieux. Poignant.
4-autre objectif: les faire bosser sur un thème en particulier, chacun sur un sujet qui leur tient à cœur! On avait donc de grandes problématiques (déclenchement, phases, batailles, bilan, arrière, traces de la guerre) qui ont donné lieu à des travaux divers et variés que certains gamins ont eu à cœur de venir installer, sur leur temps libre afin que tout soit prêt.
Bref. J’ai adoré novembre!! Le patio était decoré, les profs d’art plastique leur ont fait réalisé de jolies affiches, des masques façon « Au revoir là-haut » (que 3 classes avaient vu au ciné dans le cadre du festival du film d’histoire de Pessac) et surtout, l’arbre du souvenir! Carton, pâte à sel…et dépôt d’une gerbe de fleurs en papier réalisées par les Segpa.
Tout y était! Même Sud-Ouest qui nous a fait un très joli article!!
Et dans cette vitrine, exposées comme notre trésor, les pièces « de collection »!
Le masque à gaz légué au collège il y a qq années, un livret militaire de l’aïeul de Mélissa, une baïonnette Rosalie ressortie des cartons du prof de techno originaire des Ardennes, un casque Adrian prêté par la voisine d’une élève et les cartes postales de mon arrière grand-père…