Une heure de ma vie
Non ce n'est pas le titre du lauréat de la catégorie "Un autre regard" de Cannes. Mais cela pourrait très bien être le scénario d'un film des frères Dardenne.
Tout commence par la réception d'un bordereau d'avis de réception d'une lettre en recommandé à aller chercher le lendemain au bureau de poste du village (bon d'accord c'est une ville, mais village ça fait "authentique"). Je me décide à aller le chercher le lendemain dans l'officine postale de ma rue, indiquée sur le bordereau. J'ai bien suivi les consignes du récépissé (en un seul mot): j'ai bien attendu le lendemain neuf heures et me suis muni du bordereau et de ma pièce d'identité. Accompagné d'Octave, je pénètre dans l'antre des PTT où seulement une personne attend devant un guichet. Après dix minutes d'attente, c'est mon tour.
Je tends fièrement mon bordereau et ma Carte Nationale d'Identité à la guichetière, pardon à la conseillère de vente. Après vérification de mon identité (oui, oui, c'est bien moi sur la photo), elle s'engouffre dans une arrière-boutique pour en ressortir au bout de cinq minutes la mine déconfite.
"Tiens c'est bizarre je l'ai pas!"
Elle pianote alors sur son terminal IBM des années 90. Le verdict tombe, implacable et surtout inattendu: le préposé au ramassage du courrier a déposé ma lettre à un autre bureau de poste à cinq kilomètres de là. C'est sûr que c'était beaucoup plus simple que de le déposer à cent mètres de la maison.
"Pasque vous comprenez ça devait être le facteur de Paillet qui a fait cette tournée…"
Je ne comprends rien du tout mais bon je rentre à la maison récupérer mon véhicule pour me rendre au bureau de poste incriminé. C'est mon potos Yannick qui va être content. Gazoline powaaa!
Accompagné d'Octave, je pénètre dans l'antre des PTT où seulement cinq personnes attendent devant un guichet. Et parmi elles, il y a la très célèbre mémé qui vient faire un virement de 2000€ de son livret A vers son CCP pour pouvoir le retirer parce que vous savez ma bonne dame, et ben les choux cette année y souffrent de la sécheresse. Pire qu'en 76! Octave, arrête de te rouler par terre! Après trente minutes d'attente, c'est mon tour.
Je tends fébrilement mon bordereau et ma Carte Nationale d'Identité à la guichetière, pardon à la conseillère de vente. Après vérification de mon identité (oui, oui, c'est bien moi sur la photo), elle s'engouffre dans une arrière-boutique pour en ressortir au bout de cinq minutes la mine réjouie.
"Et voilà! Une petite signature en bas!"
Je lui dis ensuite ce que je pense de son collègue ramasseur de petits papiers et lui demande de lui faire part de mon mécontentement. Elle me rétorque que maintenant les activités guichet et ramassage/tri sont complètement séparées et qu'elle n'a aucun moyen d'entrer en contaçt avec ses collègues de derrière la cloison qu'elle montre d'un signe de la main. Tu vas pas me dire qu'en bossant dans la même boîte, tu ne vas pas le rencontrer cet idiot à casquette et mobylette au pot de départ en retraite de Micheline, à qui on a offert un magnifique coffret de canevas en point de croix, d'ailleurs t'avais payé toi?
La thérapie d'écriture de ce post a permis de sauver du vandalisme des dizaines de boîtes aux lettres jaunes. J'étais prêt à mâcher autant de chewing-gums qu'il le fallait pour boucher toutes les serrures des boîtes du canton.
Une heure de ma vie.
So young to be such a buffoon.